Départ au petit matin avec -6° à Cessenon pour la gare de Béziers avec ma chauffeuse préférée et le même sac à dos qu'il y a 50 ans. Une SNCF fidèle à elle-même amène de l'attente dans une gare non chauffée mais me voilà dans le train.

Dès la sortie de l'avion, j'ai été frappé par l'épais brouillard de pollution ^[1] et l'odeur de poubelles. Comme il n'existait pas il y a 50 ans, j'ai aussitôt sauté dans le métro jusqu'à la gare de New Delhi. Il est moderne et propre et on y est pas du tout sollicité pour une petite pièce ou un ticket restaurant.

Ce jeudi à Delhi m'a fait penser à ce vers de Verlaine.

Mais avant de vous raconter ma journée, je vous informe que, comme Elon Musk, je me suis offert ma plateforme personnelle de tweets. Cela me permet dans la journée de rédiger des brèves pour des choses qui n'ont pas forcément de rapport avec mon article. Vous les trouverez donc avec la galerie.

Ce matin, le militaire à la carabine n'était plus en faction à la porte de l'ascenseur.Un grand ponte était probablement parti et je n'étais assez important pour être protégé. En déposant ma clé en partant, le réceptionniste me dit que ma réservation n'était que pour 2 jours et qu'il fallait que je vois avec le ministre pour prolonger.

J'avais prévu de prendre mes billets de train par internet comme à la maison mais tout avait l'air complet. De passage à la gare, un charmant monsieur m'a expliqué que c'était à cause de la Kumbh mela ^[1], la plus grande fête religieuse au monde, qui rassemblera plusieurs millions de personnes et durera jusqu'au 26 février.

Vinod et Kunal, son fils, sont venus me chercher ce matin à mon hôtel. La maison d'habitation est dans le village et la ferme  à un kilomètre. Mauvaise nouvelle

Pas vraiment eu le temps d'écrire aujourd'hui. On verra demain. Rassurez vous ma nuit c'est bien passée. Je me suis endormi très vite. Réveillé une heure plus tard par le bruit du film que  regardais Vinod sur son téléphone, j'ai fini par lui demander d'arrêter. Conséquence ou non, ce soir je partage la chambre avec Kunal, le fils..

Jeudi 23 janvier 

Cette nuit, un cousin du père de Vinod est décédé. Il a donc passé la journée dans la maison du défunt, assis par terre, comme le veut la coutume.

Depuis mon arrivée au village, mon travail de la terre s’est résumé à une demi-heure de désherbage par jour, et je fais plutôt mon Hugo Clément. Je ne plains pas, on s'amuse beaucoup avec Junad, j'apprends plein de choses et ç'est moins contraignant pour mon vieux corps car la pollution de Delhi m’a beaucoup affecté physiquement.

Tout d'abord, mes excuses à Kunal que j'appelle Junad dans ce blog depuis le début, sans raison objective : je l'appelle bien Kunal oralement.Il aurait dû rentrer à l'université hier, mais son père lui a demandé de rester par peur de se retrouver avec son mauvais anglais en tête-à-tête avec moi, inquiétude partagée.

C'est le nom  que me propose Chatgpt comme nom rajasthani. Pandit pour érudit et,Jaikesh de  "Jai" qui signifie victoire ou gloire en hindi  et "Kesh" cheveux ou symbole de force, sûrement de l'humour d'IA au vu de ma calvitie.. Kunal et moi nous avons plus l'air de tourner dans Urgences que de rajas mais je pense  que pour ma dernière prestation, je vais être la star de la soirée.

Me voilà donc dans ma chambre d'hôtel à Bikaner. Ce matin, nous sommes retournés avec Kunal à la ferme en habits d'apparat pour réaliser une dernière vidéo pour sa chaîne YouTube. Sauf surprise, ma carrière d'influenceur est terminée.

Depuis mon arrivée à Sri Ganganagar, je suis poursuivi par un dénommé Sudhir qui tenait absolument à me voir lors de mon passage à Bikaner.

Pour ne pas être encombré avec mon sac à dos jusqu'à mon train de nuit, j'ai réservé et payé en ligne hier une consigne pour la journée dans un hôtel près de la gare. Moderne non ? La dépose a été plus problématique, ils n'avaient pas l'air au courant du service mais nous avons trouvé une solution au bout d'une heure. Moins moderne !

Je suis arrivé à Jaisalmer ce matin à 5h20. Quels progrès réalisés par Indian Railways ! Mis à part les deux heures de retard pour le trajet Delhi - Sri Ganganagar, les deux autres trains ont été à l'heure, aussi bien au départ qu'à l'arrivée. Toutes les gares que j'ai vues ont été entièrement refaites et elles sont propres.

Hier, les "camel men" sont venus me chercher en début d'après-midi pour passer la nuit dans le désert. Nous sommes passés remplir la jeep avec deux jeunes couples : des Indiens de Bangalore et des Néerlandais qui font le tour du monde pendant une année sabbatique.

Mon train partant à 15h30, je me suis loué pour la matinée un scooter. Ne vous inquiétez pas, j'ai demandé un casque et on n'est pas à Delhi : la circulation n’est dense que sur l’espèce de boulevard périphérique et on s’y fait très bien. La conduite à gauche ne m’a pas posé de problème.

Pour limiter les risques d'exposition, j'ai décidé de monter au fort de Mehrangarh. Il domine la ville de 125 mètres et, effectivement, l'air y était plus pur. La superficie, l'épaisseur et la hauteur des murs, ainsi que les portes hérissées de grands clous pour décourager les éléphants,impressionnent et on comprend pourquoi il n'a jamais été pris en plus de 600 ans d'existence.

J'entame ce jour ma quatrième semaine de voyage. Pour l'instant, c'est une réussite. Je réalise seulement aujourd'hui qu'il va durer 50 jours : 50 jours, 50 ans après ça fait un beau titre.

Je voulais voir si les conditions de voyage de la population avaient changé en 50 ans : la réponse est non, mille fois non.

D’abord, les wagons sont les mêmes : pas de vitres, seulement des barreaux horizontaux et un volet pour se protéger du soleil ou du froid. Ces wagons de « unreserved class» sont toujours en queue des longs trains, ce qui explique qu’ils m’aient échappé.

Pour les angoissés, vous pouvez aller directement au happy end, mais ce serait dommage.

Rassurez-vous, ce titre n’est pas l’annonce d’un nouveau problème, mais doit être pris littéralement. Aujourd’hui, pour mon dernier jour à la ferme, nous avons fait du "easy compost", une méthode pour rendre son compost encore plus nutritif.

L'endroit où je me trouve est un hôtel plutôt agréable : deux maisons d'habitation avec, au centre, deux jardins intérieurs en enfilade. Ma chambre, petite, avec quatre places sur deux lits superposés, conviendrait parfaitement à des travailleurs saisonniers. Pour l'instant, j'y suis seul, mais cela risque de devenir problématique si d'autres wwoofeurs arrivent !

on est là pour pelleter du fumier.

Mon hôtel est à quelques minutes à pied de la mosquée Adhai Din Ka Jhonpra. Ça a donc été la première étape de ma promenade en ville en attendant l’heure de mon train en début d’après-midi.

Aujourd’hui, c’était un jour de congé maladie pour Anju et une journée de repos pour le reste de la famille. J’étais parti pour faire de même, mais je ne sais pas rester inactif.

La famille Virmani-Boutier étant toujours patraque aujourd’hui, j’en ai  profité pour planifier la fin de mon séjour après que ma demande de séjour à la ferme Organiguuly [1] ait été acceptée.

Le programme est donc le suivant :

Je suis resté tanqué une bonne partie de la nuit assis sur la lunette des WC. La même gastro qu’Anju et Jean ? J’ai cru que je n’allais pas pouvoir prendre le bus demain aux aurores mais les médicaments que m’a prescrits ma docteure préférée de Cessenon ont l’air plutôt efficaces, je vais prendre le risque, marre de Jodhpur. Mes intestins ont quand même résisté un mois.

Je suis conscient que le titre de cet article est une référence un peu datée, mais je n’ai pas pu résister. Mes intestins ont eu la courtoisie de tenir bon pendant les huit heures de trajet, mais depuis mon arrivée à l’hôtel, ils se vengent.

La nuit très problématique, dont je vous épargnerai les détails les plus scatologiques, aura au moins eu le mérite de vider complètement la tuyauterie, emportant avec elle, je l’espère, le virus. Anticipant le conseil avisé du docteur Cozack81, j’ai prolongé mon séjour d’une nuit et resterai donc ici jusqu’à mardi matin.

Je viens de dîner en compagnie de Shubhang, l'un des fondateurs de la ferme Organigulli. Nous avons bien discuté et mon séjour s'annonce prometteur. Il n'habite pas à Amet mais ici à Udaipur où il dirige une entreprise fabriquant des produits à base de graines ou d'extraits de plantes traditionnellement utilisés pour faciliter la digestion.

C’est donc par un bus gouvernemental que je suis allé jusqu’à Amet. C’était la première fois que je prenais un bus depuis la gare de départ. Dans ce cas, on ne prend pas son billet auprès du contrôleur, mais au guichet, et on a une place assise réservée.

En complément de cet article, j’ai ajouté un descriptif de la ferme, de ses activités et de ses pratiques agricoles. Il peut être lu avant ou après.

J’aime les voyages au soleil levant à trois sur la mobylette. Comme hier, nous avons aidé l’oncle de Naveen à terminer la cueillette des fleurs de souci.   
En attendant l’arrivée de l’ouvrier agricole, prévue à 9 heures, je lui ai donné un cours sur le tuteurage des tomates (j’en vois un qui ricane), ce qui n’était pas nécessaire, car je pense que la variété d’ici est rampante.   

Rien de particulier aujourd’hui. Nous avons fait les trois heures de travail réglementaires au jardin au lever du soleil et les deux heures supplémentaires à son coucher. Bien sûr, l’ouvrier agricole n’est pas venu, mais Naveen ne s’énerve pas : c’est la règle du jeu. Ensuite, nous ne sommes pas sortis de la maison, ce qui nous a donné le temps de discuter.

Nous ramassions des fleurs de soucis dans le jardin ce matin lorsque Naveen a reçu un appel. Nous devions rentrer immédiatement, car le grand-père était tombé en revenant du temple et gisait inanimé par terre ; il fallait l’emmener à l’hôpital. Dans la précipitation, je me suis cassé la figure, me suis éraflé le dessus du nez et j’ai rayé une de mes lunettes.

Finalement, les femmes n'ont pas voulu partager leur cuisine. Je n'ai pas vraiment insisté !  

Je pensais qu’on irait à la ferme ce matin, mais c'est le troisième jour après le décès, une étape importante pour les rituels : les hommes de la famille se rendent au crématorium pour récupérer les os calcinés.

Ce matin, j’ai envoyé un message à Radhakrishnan pour lui demander à quelle heure il comptait arriver aujourd’hui et quel était le programme pour les trois jours à venir. Message sans réponse. Pour combler l'attente, j'ai commencé à rédiger un complément sur le logement en Inde.

J’ai profité de la grasse matinée de Radhe pour m’offrir une petite balade jusqu’au chantier du puits. En route, j’ai aperçu Ramlal et sa femme en train de moissonner. Ramlal est l’un des employés de la ferme avec lequel j’avais passé beaucoup de temps lors de mon premier passage.

Après m’avoir fait poireauter toute la matinée, Radhe m’a emmené chez lui, à Bhilwara, pour saluer sa famille, déjeuner et m’accompagner prendre le bus. Quand on parvient à l’attraper et à le retenir, ce garçon est charmant. 

J’étais un peu inquiet de savoir comment m’occuper pour le temps qu’il me reste. Je n’ai pas eu de réponse de la ferme de Gurgaon, donc c’est râpé. Du coup, j’ai prévu de partir dimanche pour Alwar^[1], une ville à mi-chemin entre Jaïpur et Delhi.

Tout d’abord, trois rectifications :

la citation exacte de Yoko-Ono est "working class hero is something to be" mais ils habitent plus loin, près des usines et, de toute façon, je n’oserai jamais aller faire le touriste dans leurs quartiers, alors que je me sens légitime pour me promener dans ceux de la middle class, mon objectif de la journée^[1]. 

Malgré quelques déconvenues, je ne regrette pas mon escale à Alwar. C’est cette Inde rurale qui me reste familière et que j’aime.

Pour moi, les villes nouvelles d’Asie impliquaient forcément des immeubles et tours très concentrés et très hauts, comme en Chine, à Singapour ou au Japon. Ce n’est pas le cas dans la deuxième métropole du monde, en tout cas pour ce qui concerne NOIDA (New Okhla Industrial Development Authority)^[1], où je suis allé aujourd’hui.

Le fait d’avoir passé un an à Delhi sans avoir été à bord de la Yamuna m’a fait réfléchir cette nuit. Ce matin, j’ai commencé à rédiger un complément sur le sujet et, en bon reporter, suis ensuite allé sur le terrain.

L’écriture de mon article quotidien m’a sainement occupé l’esprit et les doigts pendant 59 jours. Quand on est seul, le plus difficile est de ne pas pouvoir partager les bons et les mauvais moments. Quand on est au pays, il y a les proches et les amis ; pendant mon voyage, il y avait ce blog.

Entre deux semis et de trop nombreuses averses, je me replonge dans ce blog, de peur qu’Alzheimer ne me fasse oublier mon voyage et le reste de mes compétences informatiques.