Jaykesh chez les routards

Soumis par Jacques Kergomard le dim 09/02/2025 - 18:37
Lieu(x) : Pushkar

L'endroit où je me trouve est un hôtel plutôt agréable : deux maisons d'habitation avec, au centre, deux jardins intérieurs en enfilade. Ma chambre, petite, avec quatre places sur deux lits superposés, conviendrait parfaitement à des travailleurs saisonniers. Pour l'instant, j'y suis seul, mais cela risque de devenir problématique si d'autres wwoofeurs arrivent !

Au petit déjeuner, après avoir chassé les gros singes qui volaient des papayes, j'ai eu une longue conversation avec Sukha, le propriétaire de l'hôtel. Il m'a d'abord parlé de la ferme située à quelques kilomètres, dont le rôle est de fournir en légumes le restaurant de l'hôtel. Comme il était contrarié par le fait que je parte trois jours au milieu de mon séjour, il ne voulait pas perdre son temps à m'emmener à la ferme pour m'expliquer ce qu'il fallait faire sans être sûr que cela servirait à quelque chose. On peut comprendre : ici, le wwoofing est avant tout un moyen de voyager à bas prix, avec hébergement et nourriture gratuits en échange du minimum d'heures de travail possible. Il faut dire que lui, avec son look de rasta, se la joue cool : on travaille quand on veut et on a accès libre aux cuisines, même si je devrai payer la bière devant laquelle j'écris. Quand, en plus, la ganja pousse dans les jardinières et que les joints tournent le soir autour du feu, cela attire une faune spéciale. L'endroit semble bien connu de ce public, et il y a souvent plusieurs wwoofeurs en même temps, certains s'incrustant. On est loin de l'agriculture bio !

Il est visiblement un peu nerveux car, depuis le Covid, les affaires vont mal. C'est ce que j'entends un peu partout ici.

Décidément, je débute toujours mal mes séjours de wwoofing, mais jusqu'à présent, cela a toujours fini par s'arranger. Le pire n'est pas toujours certain !  Je verrai ce qu'il en est à mon retour de Jodhpur.

Après cette discussion, j'ai aidé Sandra, sa compagne française, à régler quelques problèmes d'informatique. Puis, j'ai nettoyé les jardinières du jardin au soleil pour y transplanter les belles-de-nuit qui envahissent les pelouses. J'ai aussi découvert la tonte à la serpette, un bonheur pour les genoux et les cuisses. Les feuilles mortes vont au compost, mais tout ce qui est mangeable par les vaches est déposé dans la rue à côté d'un abreuvoir. Cela fonctionne : à peine déposé, aussitôt mangé.

En milieu d'après-midi, après le turbin, je suis allé faire le tour du lac sacré. Il y a cinquante ans, c'était la campagne. Aujourd'hui, de part et d'autre du chemin, on trouve des hébergements pour touristes, des restaurants et des cafés. On y propose toutes sortes de cafés, même du grec, un peu de cuisine italienne et beaucoup de cuisine israélienne.

L’explication donnée par ChatGPT et confirmée par Sandra est qu’après leur service militaire, de nombreux jeunes Israéliens partent en voyage prolongé pour se détendre et découvrir le monde. Comme pour les autres routards, l’Inde, et en particulier des villes comme Pushkar, Manali, Rishikesh, Dharamshala et Goa, est une destination très populaire pour ces jeunes Israéliens en raison du coût de la vie bas et de la liberté offerte. Cette libération, après trois ans de vie militaire certainement très dure psychologiquement, leur fait souvent « péter les plombs » et les amène à des excès parfois problématiques.

En parlant de routards, j'en ai vu plusieurs sur mon chemin, les mêmes qu'il y a 50 ans. Cela m'a fait penser aux babas cools en veste afghane et pataugas que l'on croise encore aujourd'hui dans les rues de Die ou aux Vans.

À un kilomètre de l'hôtel, j'ai retrouvé la "guest house" dans laquelle je logeais à l'époque. Elle marquait alors l'entrée de Pushkar.

Les ghats ont gardé leur charme, mais je ne me souviens pas qu'il y avait, à chacune des entrées, des boîtes à donation dont un brahmane vous rappelle l’existence si vous oubliez d'y glisser un petit billet. Comme dans les sites touristiques du monde entier, la plupart des boutiques de la rue principale sont dédiées aux touristes : artisanat rajasthani, sandales en cuir, vêtements, bijoux, etc. Le reste est consacré au business religieux. Il y a plus de 500 temples et presque autant de brahmanes et autres sadhus que de touristes étrangers.

En parlant de business, je me suis fait avoir comme un bleu en arrivant sur le premier ghat. Après m'avoir promis qu'il n'était pas question d'argent mais d'une bénédiction, un brahmane m'a mis des fleurs dans la main et m'a fait asseoir sur une marche. Il m'a fait réciter au moins une cinquantaine de noms de dieux, puis m'a versé de l'eau dans les mains et m'a demandé de la jeter dans le lac. Cinq fois pour mon père, autant pour ma mère. Quand nous en sommes arrivés aux frères et sœurs, il a préféré faire un lot ! À la fin, bien sûr, il ne fallait pas payer, mais faire une donation en liquide – et pas de l'eau –, soit 3000 roupies (plus de 30 euros quand même). Je leur ai donné un acompte de 500 roupies et je suis prêt à recevoir la malédiction de tous leurs dieux en ne payant pas le solde.

Je savais que Pushkar était restée une destination populaire chez les routards et une étape obligée des circuits touristiques du nord de l'Inde, mais je suis un peu triste ce soir.

जय हिंद (Jay Hind)

Pushkar, il y a 50 ans

Lieu(x) : Pushkar
Sujet(s) : Il y a 50 ans

Quelques diapositives numérisées prises lors de mes deux séjours à Pushkar, il y a 50 ans.

Si j'avais meilleur caractère, j'aurai eu le  temps de remonter au temple où on a une vue d'ensemble du site. A défaut, je confie le travail à Google maps

commentaires

commentaire
Oui c'est un grand centre de pélerinage, mais il est pas au top car consacré à Brahma, qui est sur le troisième marche du podium après Shiva (Vanarasi ex Bénarès) et Vishnou à Puri.