Je pensais qu’on irait à la ferme ce matin, mais c'est le troisième jour après le décès, une étape importante pour les rituels : les hommes de la famille se rendent au crématorium pour récupérer les os calcinés. À la fin des 12 jours de la période de deuil, les fils, et peut-être Naveem en tant que petit-fils le plus âgé, iront les immerger dans le Gange à Haridwar, à plus de 12 heures de train d’Amet.
J'en ai profité pour trouver une alternative à YouTube pour la diffusion des vidéos. Dorénavant,j'utiliserai Vimeo. Je ne suis pas sûr que vos données personnelles seront mieux préservées, mais au moins il n’y a pas de publicité.
Mon bus à 12h30 pour Bhilwara était, bien sûr, bondé, mais on m’a fait une place à l’avant, ce qui m’a permis de réaliser plusieurs vidéos des endroits traversés : la majeure partie du trajet s’est faite sur des routes secondaires, ce qui permet de mieux voir les villages et les paysages. Le dernier tronçon d'autoroute m'a semblé bien plus civilisé que d'habitude, peut-être que je n'en voyais pas les côtés.
Le chauffeur roulait très vite et rarement avec les deux mains. Pour utiliser son téléphone, il lui reste une main libre, mais on a besoin des deux pour préparer sa chique : on verse du tabac dans la paume d'une main et, avec l’autre, on l’écrase, on le frappe, on élimine les impuretés par la fenêtre avant de le coincer derrière la lèvre inférieure !
Normalement, Radhakrishnan devait me prendre à Bhilwara et venir avec moi à la ferme, mais finalement, il n’a pas pu se libérer... sans commentaire. Il m’a juste aidé pour la correspondance des bus.
Arrivé à la ferme, on m’a emmené sans explications en mobylette sur le chantier du puits. Je pensais qu’il ne restait plus qu’à en maçonner les bords, mais ils ont amené de gros engins et creusé à tel point qu’on ne voit plus le fond. J'ai cru comprendre qu'il descendait une mini-pelleteuse au fonds avec la grue, j'espère voir ça demain matin. Il y a une petite dizaine d’ouvriers sur le chantier dont certains campent sur place. Ils m’ont joliment offert un thé, mais la conversation était très limitée.
Finalement, commentaires il y aura. Revenu du puits, je suis resté assis devant ce qui était ma chambre la dernière fois pendant deux heures sans savoir à quoi m’attendre… Énervant, comme quand le train est arrêté depuis longtemps en pleine campagne et qu’on reste sans information. La nuit est tombée et l'électricité a été rétablie sur la ferme partout sauf dans ma chambre. Radhakrishnan n’a, bien sûr, pas répondu à mon appel, mais Ramdev a fini par arriver. Il a démêlé une longue rallonge électrique, a branché un bout quelque part sur le toit, a bidouillé quelques fils et, finalement, j’ai eu du courant.
Je n’aurai pas la patience d’attendre deux jours comme la dernière fois. Si demain midi je poireaute encore, je prends le premier bus pour Jaïpur. Et se rappeler toujours que le pire n'est pas toujours certain.
जय हिंद (Jay Hind)