Pandit Jaykesh à Fort Boyard

Pour ne pas être encombré avec mon sac à dos jusqu'à mon train de nuit, j'ai réservé et payé en ligne hier une consigne pour la journée dans un hôtel près de la gare. Moderne non ? La dépose a été plus problématique, ils n'avaient pas l'air au courant du service mais nous avons trouvé une solution au bout d'une heure. Moins moderne !
Ce matin, j'ai décidé de traverser Bikaner à pied pour aller jusqu'au temple jain Bhandasar. Si une chose a changé en 50 ans, c'est bien l'arrivée de Google maps, en ville mais aussi à la campagne. Le seul inconvénient est qu'il n'est pas adapté à la marche à pied. On ne va pas assez vite, aussi le GPS n'arrive à détecter votre sens de marche qu'au bout d'au moins 100 mètres. C'est pas grave, je repère la direction générale et y vais au pif. Je me perds souvent mais ça permet de découvrir des endroits inattendus comme ce matin le quartier des tisserands avec ces larges bandes de tissus multicolores (saris?) qui pendent le long des murs ou sont étendues sur les toits.
Une petite sieste dans le jardin public et me voilà parti en richshaw pour le Karni Mata Temple (Temple des Rats) à une trentaine de kilomètres de Bikaner. Comme son nom l'indique, les rats y sont vénérés, nourris et se promènent en liberté partout, frôlant les pieds nus des visiteurs. J'en sens certain.es frémir d'excitation. On dit que voir un rat blanc vous garantit une bonne réincarnation. Je n'en ai pas vu : il va falloir trouver une autre méthode.
La route pour le temple emprunte "l'autoroute" Bikaner Jaisalmer qui alterne les passages en 2x2 voies avec terre plein central et route à 2 voies. Des vaches déambulent nonchalamment le long de la route et lorsqu'elle se décide à traverser les conducteurs savent les éviter. La chaussée est partagée entre quelques remorques à traction animale, tracteurs, scooters, motos, triporteurs, camions de toutes tailles et voitures. Chacun roule à son rythme et les dépassements sont autorisés à droite comme à gauche, en seconde, troisème position voir plus si il n'y a personne en face, en forçant le passage à grands coups de klaxon. Quand il y a un terre plein central, les voitures qui arrivent par les routes adjacentes, roulent à contresens jusqu'à trouver un passage pour rejoindre la voie normale.
C'est petit et ça roule plutôt vite un rickshaw !

Ce que je retiens de la journée, ce sont les ordures qui traînent partout : en ville mais aussi dans les villages et au bord de toutes les routes. Les vaches, les chèvres et les chiens errants s'occupent des matières organiques et, à la fin,  il ne reste pratiquement plus que du plastique sous toutes ses formes. On voit parfois des femmes, bien sûr, balayer les trottoirs et faire des gros tas mais je ne suis pas sûr qu'ils soient toujours ramassés et traités. D'après Chatgpt, l’Inde génère environ 3,5 millions de tonnes de déchets plastiques par an et environ 40 % (soit 1,4 million de tonnes/an) ne sont pas collectés correctement. Celà parait énorme mais l'Europe, avec 3 fois moins d'habitants, en produit plus de 29 millions, soit plus de six fois plus. Même, si chez nous, seulement moins de 5% de ces déchets ne sont pas traités correctement, cela représente 1,5 millions de tonnes par an, un peu plus que toute l'Inde.
J'avais prévu d'écrire cet article devant une bonne bière mais, c'est aujourd'hui le 77ème anniversaire de la mort de Gandhi alors c'est un jour sec. Je me contente donc d'un thé.
Reste 4 h à tirer avant mon train.