cendres de bouse sanctifiées

Depuis mon arrivée au village, mon travail de la terre s’est résumé à une demi-heure de désherbage par jour, et je fais plutôt mon Hugo Clément. Je ne plains pas, on s'amuse beaucoup avec Junad, j'apprends plein de choses et ç'est moins contraignant pour mon vieux corps car la pollution de Delhi m’a beaucoup affecté physiquement. J’ai beaucoup craché mes poumons, mais c’est presque fini aujourd’hui, et cela change la vie !

Après le petit tour rituel à la ferme avec Vinod et Kunad, nous sommes partis visiter deux nouvelles fermes.

Nous avons commencé par la ferme d’Anil, un élevage intensif de poulets. On n’est plus dans le bio, mais dans l’élevage industriel. La ferme comprend deux bâtiments : le premier est en exploitation et peut contenir jusqu’à 5 000 poulets, même s’il n’y en avait que 700 aujourd’hui ; le second, pas encore terminé, pourra en accueillir 6 000. Les poussins arrivent dès leur éclosion et repartent au bout de 40 jours, lorsqu’ils pèsent entre 2 et 3 kilos.

En mai et juin, les températures maximales moyennes à Sri Ganganagar sont respectivement de 41,9 °C et 41,6 °C. Pour refroidir les poulaillers, les ventilateurs ne suffisent pas. Ainsi, l’extérieur des murs est couvert d’une sorte de toile de jute avec un système de goutte-à-goutte pour maintenir l’humidité. Il paraît que cela permet de maintenir une température 10 °C inférieure à celle de l’extérieur. À l’inverse, la température ambiante doit rester entre 32 et 35 °C les premiers jours de vie des poussins. Dans le bâtiment actuel, le chauffage est assuré par des lampes, mais dans le prochain bâtiment, ils construisent des poêles à bois rudimentaires avec un réseau de tuyaux d’évacuation. Ils ne semblent pas s’inquiéter de la fumée.

Le fumier est utilisé pour fertiliser les 700 kinnows juste à côté. Et ils sont magnifiques ! À leurs yeux, comme il n’y a pas d’utilisation de produits chimiques au verger, c’est bio ! Peu importe la nourriture donnée et les antibiotiques injectés aux poulets.

Nous avons ensuite pris la direction de la ferme l’oncle de Vinod pour récupérer la culture mère qui nous permettra de lancer la fermentation dans les fûts. Après tout, nous ne les préparons que depuis mon arrivée !

Le gouvernement propose de financer entièrement la construction de serres, le remboursement intervenant après la première récolte, grâce au Crédit Agricole local. Il en possède deux de 4 000 m², mais la couverture de l’une d’elles a été arrachée par une tempête de sable en octobre dernier. Dans l’autre serre, il y a eu huit ans de monoculture de concombres, et maintenant, le sol est envahi de nématodes. Pour y remédier, il cultive cette année des piments et dispose d’une arme magique. Au lever et au coucher du soleil, il fait des prières en brûlant de la bouse de vaches à bosse dans un récipient en cuivre. Il mélange ensuite les cendres avec de l’eau et s’en sert pour arroser. Aux mauvais esprits qui ricaneraient, regardez le vlog du jour : il y a une preuve de l’efficacité de cette méthode. Le cuivre du récipient est important, mais c’est la bosse de la vache qui est au cœur du processus. Elle capte les énergies positives des rayons du soleil pour les transférer à la bouse. Par rigueur scientifique, n’utilisez pas de charolaise.

L’oncle est aussi un spécialiste des purins pour les plantes.

Pour nourrir le sol, mélangez dans une jarre 150 kg de kinnows, 50 kg de gur (une sorte de cassonade faite à partir de canne à sucre) et 300 litres d’eau. Laissez fermenter et reposer.

Pour la floraison, remplacez les kinnows par de la mangue verte, et pour combattre les champignons, utilisez de l’aloe vera.