Jaykesh découvre la modernité

Soumis par Jacques Kergomard le jeu 27/02/2025 - 18:44
Lieu(x) : Bhilwara
Sujet(s) : Transport

Après m’avoir fait poireauter toute la matinée, Radhe m’a emmené chez lui, à Bhilwara, pour saluer sa famille, déjeuner et m’accompagner prendre le bus. Quand on parvient à l’attraper et à le retenir, ce garçon est charmant. 

Aujourd’hui, je n’avais pas envie de prendre le risque de voyager debout ou serré comme une sardine pendant six heures, mais la seule solution était le bus gouvernemental. Je pensais avoir fait le tour de la question, mais ce qui est fascinant dans ce pays, c’est qu’il y a toujours quelque chose à découvrir. Sur ce trajet j’ai découvert une Inde plus moderne et industrielle. 

En France, les autoroutes traversent la campagne en essayant de se rendre invisible. On ne peut y entrer et en sortir que par des points de passage contrôlés. Ici, c’est l’inverse : hôtels, restoroutes, usines et gargotes ont leurs façades ou devantures tournées vers la chaussée. Si elles sont  en retrait, cela fait un parking ; sinon, on s’arrête sur le bas-côté. C’est un peu comme une rivière où la vie se concentre sur les berges et s’arrête dès qu’on s’en éloigne. La ferme de Raïla se trouve à trois cents mètres à vol d’oiseau de l’autoroute. Pourtant, on est véritablement à la campagne, et seul le bruit omniprésent de la circulation, surtout celui des klaxons, rappelle sa présence. Ces deux mondes, qui se côtoient mais s’ignorent, expliquent pourquoi ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai découvert une Inde moderne. La campagne, elle, n’a pas beaucoup changé depuis cinquante ans. A cette époque, l’Inde industrielle n’en était encore qu’à ses balbutiements. Il faut rappeler que les Britanniques ne voyaient l’Inde que comme un fournisseur de matières premières pour leurs industries. C’est pour inverser cette tendance que Gandhi a initié le mouvement Khadi, qui encourageait à filer le coton en Inde plutôt qu’à acheter du tissu fabriqué à Manchester.

Aujourd’hui, on est loin du rouet : l’autoroute est bordée d’usines de toutes sortes – le textile autour de Bhilwara, l’automobile en arrivant à Jaipur, ou encore l’exploitation du zinc à Rampura Agucha. Le trafic y est très intense, avec une majorité de camions de toutes tailles, de toutes sortes et de toutes époques.

 Je pourrais encore développer, mais il se fait tard. Je reviendrai sur le sujet si l’occasion se présente.

Pas de photos pour illustrer cet article. On commence la cure de désintoxication.

जय हिंद (Jay Hind)