Jaykesh chez les singes

Tout d’abord, trois rectifications :

1. J’ai vu environ cinq vaches dans une rue, à la sortie de la vieille ville : que fait la police ?
2. Jaïpur n’a pas une mais deux lignes de métro.
3. J’ai dit hier soir que je n’avais pas encore été au centre-ville alors que j’y avais passé une bonne partie de la journée : c’est la ville rose.

Pas de jeu de la boutique bio, mais je suis quand même entré dans la supérette à côté de mon hôtel. Le rayon bio ne compte que cinq étagères de moins d’un mètre de large avec uniquement des produits industriels. Alors qu’ici, il y a beaucoup de vrac, je n’en ai pas trouvé en bio, rien non plus au rayon fruits et légumes. Le riz, par exemple, est vendu en sac de dix kilos à environ cinquante roupies le kilo contre plus de cent pour une boîte de riz bio d’un kilo.

En bus et en métro, je suis retourné dans la ville rose pour visiter Hawa Mahal, le palais des vents, le monument phare de Jaïpur. Je ne suis pas vraiment fan : seule la façade côté rue est intéressante, avec ses bow-windows en moucharabieh conçus pour que les femmes puissent regarder à l’extérieur sans être vues et pour laisser le vent circuler, d’où le nom de palais des vents. Il y avait une foule immense. Je suis un peu fatigué de ces visites où il faut faire la queue pour accéder aux endroits stratégiques. Le nombre de photos identiques doit être impressionnant. Je prends des photos aux mêmes endroits, mais sans mettre ma chérie, mes amis ou ma famille au centre du cadre. Au vu de la file d’attente pour accéder au dernier étage, une plateforme de quelques mètres carrés, j’ai craqué et suis ressorti.

L’après-midi, je suis allé voir le temple des singes dans les collines, à la limite de la ville rose. Une route étroite pavée mène à un petit col avant de redescendre dans un fond de vallée avec un bassin et un ensemble de temples jaïns délabrés. Comme pour les rats à Bikaner, les singes sont protégés et nourris. Au bas du col, un jeune homme m’a abordé pour me mettre en garde contre les singes, qui peuvent attaquer ou attraper vos lunettes ou votre nourriture. Je l’ai laissé m’accompagner, moyennant finances bien sûr, alors que j’aurais préféré être seul. Une fois la photo obligatoire prise avec un singe sur l’épaule, je l’ai libéré pour faire le retour à mon rythme, en admirant les magnifiques bougainvilliers sauvages.

Je voulais rentrer en métro et en bus, mais un chauffeur de rickshaw a réussi à me convaincre de me ramener en rickshaw. Cela m’a permis de faire le tour de la ville moderne : un million d’habitants en 1975, deux millions en 2000 et quatre millions cinq cent mille aujourd’hui. La superficie de la ville rose historique est de 6 km², tandis que la ville d’aujourd’hui s’étale sur 467 km². Cette croissance exponentielle semble cependant maîtrisée, même si on commence à araser les montagnes environnantes pour pouvoir construire. Si l'on compare avec  deux villes de taille comparable que je connais, Sur 4258 km², le Grand Montréal est passé de 2,74 millions en 1971 à plus de 4,29 millions en 2021 alors que la population de l'île de Montréal n'a augmenté que de cent mille habitants. Sur 412 km², le grand Athènes est passé de 2,5 millions d'habitants en 1971 à un peu plus de 3 millions en 2021. 

J’ai déjà évoqué les raisons de cette croissance dans l’article « Jaykesh découvre la modernité ». Voici des chiffres qui peuvent expliquer ma crise d’agoraphobie à Hawa Mahal : en 2023, Jaïpur a accueilli 179 millions de touristes indiens et 1,7 million de touristes étrangers, contre respectivement 21,6 et 25,9 millions pour l’Île-de-France.

Pardonnez-moi, mon père, parce que j’ai péché. Comme j’en avais marre de la nourriture végétarienne et que je ne trouvais pas de restaurant non-végétarien à proximité, je me suis offert un chicken tandoori burger avec des frites chez Burger King, et j’y ai pris plaisir.