Les deux pieds les deux mains dans la merde

Soumis par Jacques Kergomard le sam 08/02/2025 - 18:34
Lieu(x) : Raïla, Pushkar
Sujet(s) : Transport

Rassurez-vous, ce titre n’est pas l’annonce d’un nouveau problème, mais doit être pris littéralement. Aujourd’hui, pour mon dernier jour à la ferme, nous avons fait du "easy compost", une méthode pour rendre son compost encore plus nutritif.

Tout d’abord, il faut avoir un bon tas de compost à peu près mûr. Ensuite, dans un fût à moitié rempli d’eau, mélangez 30 litres de babeurre, trente kilos de bouse de vache fraîche (la recette ne précise pas si elles doivent avoir des bosses) et quelques kilos de sucre de canne non raffiné (jaggery en anglais, gur en hindi). Mélangez l’ensemble jusqu’à ce que le sucre de canne soit complètement dissous dans l’eau. Remplissez ensuite le fût complètement en continuant de remuer. Réservez.

Égalisez la surface du tas de compost et arrosez jusqu’à saturation. Quadrillez la surface du compost avec une barre à mine, en réalisant des trous d’environ 30 cm (1 pied) de profondeur, espacés régulièrement. Remplissez-les avec la préparation. Laissez reposer 2 jours avant utilisation.

Cette préparation permet de patauger pieds nus dans le compost imbibé de bouse et de s’en mettre plein les mains lors du remplissage des trous… D’où le titre !

Ce matin, Radhakrishnan m’a fait faire le tour de la propriété et j’ai enfin pu obtenir les explications qui me manquaient. Je détaillerai cela lorsque je reviendrai à la ferme le 25 février. Nous avons mangé tôt et je pensais que c’était pour m’amener au bus de Pushkar : selon ses dires, j’avais annoncé à mes futurs hôtes que j’arriverais vers 17 heures, sachant qu’il y a plus de 4 heures de route. Mais non ! Nous nous sommes lancés dans la fabrication du "easy compost" juste après le repas. Et j’ai finalement pris le bus de 16 heures… Une autre notion du temps et de la ponctualité, vous dis-je !

J’ai bien fait de partir aujourd’hui, car j’aurais pu rester longtemps seul à la ferme. En même temps que moi, Radhakrishnan est parti en famille pour 2 jours de pèlerinage dans un temple près de Jaisalmer – 8 heures de voiture pour l’aller, quand même ! Ensuite, il part à la Kumbh Mela pour quelques jours, encore plus loin, mais vers l’est cette fois-ci.

Ramdev m’a déposé à Raïla pour prendre mon bus. Par chance, il y en avait un une demi-heure après. Comme pour le train en unreserved class, ça n’a pas beaucoup changé depuis 50 ans. Le bus devait dater de cette époque… Il était bondé, mais j’ai quand même eu rapidement une place assise.

Pour les transports, la fracture numérique est évidente :

Les places assises assurées et l’air conditionné sont réservés à ceux qui savent manier leur smartphone et disposent d’un moyen de paiement électronique.
Pour les autres ? Le droit de voyager debout.

Ce qui a changé, c’est que le trajet s’est fait sur une autoroute à 2x3 voies, avec même une section à péage ! Rares étaient les véhicules à contresens, peu de vaches déambulaient sur les bas-côtés ou traversaient la route, mais j’en ai quand même vu quelques-unes brouter le terre-plein central.

La circulation n’était pas trop dense, mais le dépassement à gauche ou à droite selon son bon vouloir reste la règle. Lorsque le bus a oublié de sortir de l’autoroute, la solution a été de reculer sur la voie de gauche (en Inde, on roule à gauche) sur plus de 500 mètres pour corriger le tir.

Comme à Raïla, les villages sont coupés en deux par l’autoroute qui sur un autopont.

En arrivant à Ajmer, j’ai compris pourquoi j’aimais particulièrement ce coin du Rajasthan. Il est au milieu des collines, le mont Nag Pahar, qui sépare Ajmer de Pushkar, culmine à environ 750 mètres. Les routes étroites et sinueuses traversent de vraies forêts. C’est plus sauvage que le désert autour de Jaisalmer.

Ce soir, je suis installé dans ma nouvelle chambre, dans l’hôtel où je vais séjourner les prochains jours.

Mais je vous en dirai plus demain, il se fait tard.

जय हिंद (Jay Hind)