Pandit Jaikesh fait du vin de cactus !

Soumis par Jacques Kergomard le mer 29/01/2025 - 14:01
Lieu(x) : Bikaner
Sujet(s) : Techniques bio

Depuis mon arrivée à Sri Ganganagar, je suis poursuivi par un dénommé Sudhir qui tenait absolument à me voir lors de mon passage à Bikaner. Membre actif de l'association WWOOFing India et ayant lu sur mon profil de WWOOFer que je participais depuis trois ans à la fabrication du vin en septembre, il voulait me faire rencontrer un chercheur du département d'horticulture du centre de recherche sur l'agriculture du milieu aride du Rajasthan [1], qui se lançait dans la production de vin de cactus à partir des figues de Barbarie. C'était bien sûr flatteur, mais je ne suis pas sûr que Lise, ma guru en œnologie, aurait été fière de moi. Il n'a pas voulu écouter mes protestations d'incompétence, et nous y sommes allés ce matin.

Le chercheur m'a présenté deux échantillons de son vin, mais nous n'avons pas pu goûter. J'ai vite compris que ce n'était pas lui qui était en demande, mais Sudhir qui essayait de prendre contact pour l'association.

Le centre place beaucoup d'espoir dans la culture du figuier de Barbarie. La plante possède d'excellentes qualités énergétiques[2], tant pour les fruits que pour les feuilles. Cette plante nécessite peu d'eau, entre 20 et 40 litres par mois[3], à comparer aux 50 à 100 litres que réclament les kinnows. Mais elle a des épines redoutables ! Justement, le centre de Bikaner a créé un cultivar sans épines, ce qui facilitera grandement la transformation, d'où leurs recherches sur toutes les utilisations possibles en alimentation humaine et animale. Grand amateur de confiture de figues de Barbarie, j'en planterai si je trouve de ces plants en France.

Nous avons visité les plantations du centre de recherche où j'ai découvert beaucoup d'arbres fruitiers, dont plusieurs que j'ai pu goûter sur place. Ils ne m'en ont donné que les noms scientifiques ou hindi, plus rarement en anglais, et le seul que je peux retrouver est le jujube de Mauritanie[4], plus juteux et sucré que le nôtre. Impossible d'en cultiver chez nous, aucun de ces arbres ne supporte des températures inférieures à -2°C, -5°C pour les plus résistants.

Nous sommes ensuite allés au centre national de recherche sur le chameau[4]. Sans grand intérêt.Étant sur le point de manger du chameau pendant trois jours, je vous en dirai plus depuis Jaisalmer.

Sur le chemin du retour, 3 sadhus se sont imposés dans notre rickshaw. Ce sont des hommes qui ont renoncé à tout bien matériel, certains vivent nus le corps couvert de cendres, et vivent de mendicité. Bien sûr, ils s'en sont pris à moi mais Sudhir, qui se réclame athée denrée rare ici, les a envoyé se faire voir. Il dit qu'il faut se méfier d'eux car ils n'hésitent pas à voler voir même à tuer pour de l'argent. Il m'a parlé d'une poudre qu'ils envoyaient au visage de leurs victimes pour les endormir et leur piquer leur argent et téléphone portable. Des hommes saints vous dis-je !

Après avoir quitté Sudhir, je suis allé visiter le fort de Junagarh, le palais des Rajahs de Bikaner. Cela pue l'argent, sans que je comprenne très bien d'où venait cette richesse. La manière, majoritairement pacifique, dont il a été mis fin aux pouvoirs des 562 royaumes est typiquement indienne. De 1947 à 1950, leur intégration a été négociée et seuls trois royaumes ont refusé. Celui d'Hyderabad est le seul à avoir été annexé suite à une intervention militaire en 1948. Le Rajah de Junagadh aurait voulu rejoindre le Pakistan, mais cela était contraire à l'accord de partition. Le Cachemire a hésité avant d’intégrer l’Inde en 1947, déclenchant le premier conflit indo-pakistanais, mais il a fini par choisir l'Inde car il n'était pas musulman. Ils ont conservé un certain nombre de privilèges royaux jusqu'à ce qu'Indira Gandhi les abolissent en 1971. 562 décapitations, ça aurait fait désordre.

J'ai rédigé cet article au bar de l'hôtel devant deux bières : deuxième incartade au dry january depuis mon arrivée.

Demain, je prends le train de nuit pour Jaisalmer. Ce qui fait qu'il va falloir que je traîne dehors jusqu'à 23h30, si le train n'est pas en retard. Ca ne me réjouit pas, je ne sais pas pouquoi l'agence de voyages a insisté pour le train de nuit alors qu'il n'y a que 6h de route.

Voici le lien vers le dernier opus de ma carrière d'influenceur. En costume, s'il vous plaît !

  1. Voir le site du centre de recherche sur l'horticulture.
  2. Voir article sur la nutrition.
  3. Au vu du manque d'eau, certains agriculteurs français commencent à s'intéresser à la culture du figuier de Barbarie. Voir ici dans les Pyrénées-Orientales et là dans l'Aude.
  4. Voir le site du centre de recherche sur le chameau.