Jaykesh au marché bio

J’étais un peu inquiet de savoir comment m’occuper pour le temps qu’il me reste. Je n’ai pas eu de réponse de la ferme de Gurgaon, donc c’est râpé. Du coup, j’ai prévu de partir dimanche pour Alwar^[1], une ville à mi-chemin entre Jaïpur et Delhi. Bien qu’elle soit rarement intégrée aux circuits du Rajasthan, il semble qu’il y ait des sites intéressants à voir. Ensuite, deux jours à Delhi, dont un pour aller à Noïda, la capitale de la nouvelle économie indienne. Je n’aime pas me promener sans avoir une ligne directrice. Pour mes trois fermes, la commercialisation de leurs produits en tant que bio est un vrai problème. Alors, en plus de chercher de beaux cinémas pour Anju, je vais aussi rechercher, sur le même principe, des marchés de producteurs et des boutiques bio. Sans perdre de temps, je suis allé visiter la boutique de producteurs Organic Guru, à une demi-heure à pied de mon hôtel. C’est assez sommaire : quelques légumes de saison, mais surtout beaucoup de légumes secs. Le vendeur parle un anglais approximatif, mais j’ai réussi à comprendre que les produits venaient de treize fermes situées aux alentours de Jaïpur. En regardant ce qu’il y avait à Delhi, je suis tombé sur la société Sunagrifresh^[2], qui vend des produits mais fait aussi du conseil. Je leur ai envoyé une demande de visite, mais vu l’état de leur site web, je ne suis pas sûr d’avoir une réponse. Jaïpur ne ressemble à aucune autre ville que j’ai vue. C’est propre. Les feux rouges, avec un temps pour la traversée des piétons, sont respectés, et personne ne roule à contresens. Je n’ai pas vu une seule vache dans la rue. Mon chauffeur de rickshaw s’est pris une amende parce qu’il ne s’était pas arrêté au bon endroit en me déposant à la gare, et elle a été payée sans tentative de corruption. Depuis, j’ai vu d’autres policiers arrêter des contrevenants. Il y a un métro, même s’il n’y a qu’une seule ligne.Et, tenez-vous bien, ce soir, je suis en train de rédiger cet article dans une microbrasserie (leur Pilsner est très bien), je pourrai même m'offrir du vin arménien mais le verre est à des prix parisiens. Faut pas rêver quand même, les alentours de la gare sont plus «bordéliques», mais rien à voir avec la gare de New Delhi. Pour vous en rendre compte, je vous laisse revoir mes articles précédents sur Delhi. Je n’irai que demain au centre-ville ; peut-être que mon jugement devra être révisé. En fin de matinée, je suis allé en métro au fort d’Amber, à une dizaine de kilomètres du centre-ville. Ce n’est pas le chemin le plus court, mais ça m’a permis de découvrir le quartier autour d’Ajmeri Gate. Jaïpur n’a été créée qu’au début du XVIIIe siècle. Il y a dans ce quartier une grande unité architecturale, un plan en quadrillage, des boutiques sous les arcades des rues. À part la couleur ocre, qui est la marque de Jaïpur, l'autre "ville rose", ça m’a fait penser à la ville de Rochefort, en Vendée, avec des rues bien plus animées. J’y suis retourné après la visite du fort et je suis tombé par hasard sur une fête foraine. Attiré par les couleurs, je suis entré et me suis offert un tour en grande roue. Pour le fort d’Amber, je vous renvoie aux nombreux sites, mais vous aurez quand même les photos de votre reporter préféré. C'était le premier fort que j'avais visité il y a 50 ans, et j'y étais monté à dos d'éléphant. Ma mère aimait raconter qu'elle avait été convoquée par la prof de français de ma jeune sœur, probablement en sixième à l'époque. Cette effrontée avait osé écrire dans une dissertation que son frère était en Inde et se promenait à dos d'éléphant ! Aujourd'hui, elle aurait pu montrer un selfie pour prouver qu'elle ne délirait pas.

1. Voir présentation d'Alwar par le gouvernement du Rajasthan.
2. Voir site de Sun Agrifresh .