J'avais prévu de prendre mes billets de train par internet comme à la maison mais tout avait l'air complet. De passage à la gare, un charmant monsieur m'a expliqué que c'était à cause de la Kumbh mela [1], la plus grande fête religieuse au monde, qui rassemblera plusieurs millions de personnes et durera jusqu'au 26 février. Il m'a ensuite renvoyé à une agence de voyages, soi-disant gouvernementale, qui a essayé de me vendre un "all inclusive" avec un programme de touriste chinois pour les 5 jours entre mes deux lieux de wwoofing : 1 jour à Bikaner, 1 nuit de train jusqu'à Jaisalmer avec 50 km à dos de chameau pour un bivouac dans le désert, 1 jour à Jodhpur avant d'aller à Bhilwara. Bonjour fatigue, rien que les trajets en train représentent plus d'un jour et demi. J'ai fait jouer mon grand âge et le côté paysan de mon voyage pour lui faire abandonner Jaisalmer et la nuit dans le désert, mais j'ai quand même craqué. Mes billets de train et mes nuits d'hôtel sont réservés jusqu'au 6 février et c'est reposant.
Comme j'y suis resté jusqu'à midi passé, j'ai changé mon programme du jour pour le consacrer à la ville historique de Delhi.
Son périmètre est délimité par la Yamuna à l'est et 3 portes : Kashmeeri Gate au nord, Ajmeri Gate à l'ouest et Delhi Gate au sud à environ 3 kilomètres de Connaught Place.
En 1975, l'espace entre les deux villes mélangeait des terres agricoles, des friches et des terrains vacants, ce qui pouvait donner une impression de vide ou de "no man's land". Aujourd'hui, il y a une continuité avec des immeubles d'habitations ou de bureaux, mais on se sent plus en banlieue qu'en ville et la séparation reste nette.
Je suis descendu moitié en rickshaw, moitié à pied jusqu'à Delhi Gate, que j'ai retrouvé inchangé avec ces paysans assis sur la route pour vendre leurs légumes au milieu des voitures et des boutiques, des boutiques, des boutiques...
De là, je me suis enfoncé dans des petites ruelles pour rejoindre Jama Masjid[2], la mosquée de Delhi. Outre les hommes aux barbes oranges et les femmes voilées, quelques rares burqas, on reconnaît qu'on est dans un quartier musulman par le nombre de boucheries. Je suis entré par la rue des vendeurs de pieds de vaches, ou peut-être de buffles, utilisés pour préparer un plat traditionnel très populaires chez les musulmans et; bien sûr, pas chez les hindous. . Ils sont empilés artistiquement sur le sol et l'on doit enjamber les flaques du sang de leur découpe. À hauteur du premier étage, sur les murs et suspendus au milieu de la rue, un enchevêtrement de câbles électriques de toutes sortes : un cauchemar pour un employé d'Enedis ou un installateur de fibre optique.
Je suis quand même rentré dans la mosquée pour faire, comme tout le monde, un selfie preuve de mon passage.
J'ai ensuite décidé d'aller, en rickshaw électrique[3] s'il vous plaît, voir le Fort de Salimgarh[4] pour vérifier si la rivière Yamuna était toujours un égout à ciel ouvert. Ma destination a surpris tous les chauffeurs car ils ne la connaissaient pas. Alors, je suis descendu au Fort Rouge pour rejoindre à pied Chandni Chowk, puis mon hôtel.
Mais si vous voulez marcher, il faut se préparer à refuser toutes les sollicitations des chauffeurs de toutes sortes. J'essaie toujours de m'en sortir en plaisantant, mais, à court d'arguments, j'ai accepté de prendre un cyclopousse à une condition, acceptée mais pas comprise. Vous comprendrez en regardant la vidéo, à voir en fin d'article, qui serait virale si on était sur les réseaux sociaux !
Après rendu ma place, mon chauffeur m'a déposé à l'entrée de Chandni Chowk. Et là, on peut dire que Delhi a changé. Le marché était le lieu de convergence des habitants du vieux Delhi. Aujourd'hui, ils en ont été écarté et il faut s'enfoncer dans les ruelles pour a retrouver. On vient de partout pour faire son marché ou du tourisme. On n'y vend plus tout et n'importe quoi mais du bon chic bon genre : bijoux, soie, épices, etc. L'artère principale est devenue piétonne avec, au milieu, deux voies réservées aux cyclopousses. C'est propre, il y a même des balayeurs... on se croirait chez Anne Hidalgo.
Ce qui reste inchangé et a peut-être empiré, c'est la foule. Peut-être parce que c'était samedi : le marché est fermé le dimanche, j'ai mis près de deux heures pour rejoindre Ajmeri Gate : du 500 m à l'heure.
- Article Wikipedia sur Kumbh Mela
- Article Wikipedia sur la Jama Masjid
- Dans les rues du vieux Delhi, tous les véhicules à trois roues sont électriques. N'en déplaise à ceux qui nient la nécessité de réduire les gaz à effet de serre en Europe alors que l'Inde et la Chine sont les plus gros émetteurs, feignant d'oublier qu'un Européen émet en moyenne 7 à 9 tonnes d'équivalent carbone par an contre 2 à 2,5 pour un Indien.
- Article Wikipedia sur le Fort de Salimgarh
Vieux Delhi, il y a 50 ans
Photos prises dans le vieux Delhi, il y a 50 ans, principalement autour de Red Fort et sur Chandni Chowk.
Où l'on voit que ce qui est le plus changé, c'est bien sûr la pollution mais aussi la possibilité pour tous de faire des photos de qualité sans aucun réglage. La photo pour les nuls explique que je fais en une semaine autant de photos en une semaine qu'en un an à l'époque.
Avec un Zenith E Reflex 24/36, il fallait régler manuellement la netteté et l'exposition. Pour ce dernier point, je n'ai pas été très bon ce jour là, probablement un jour de mousson. Le manque d'expérience de prises de vue par temps couvert ?
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