Ce jeudi à Delhi m'a fait penser à ce vers de Verlaine.
Mais avant de vous raconter ma journée, je vous informe que, comme Elon Musk, je me suis offert ma plateforme personnelle de tweets. Cela me permet dans la journée de rédiger des brèves pour des choses qui n'ont pas forcément de rapport avec mon article. Vous les trouverez donc avec la galerie.
Ce matin, je suis retourné à Defence Colony, là où j'ai habité dans la deuxième partie de mon séjour. J'ai tenu à y aller en bus comme au bon vieux temps. J'ai demandé mon chemin à quatre jeunes étudiantes de 18 ans qui montaient dans le même bus et m'ont pris en main. Elles ont été très intéressées par mon histoire de retour 50 ans après et j'ai fini de les conquérir en citant mes films indiens préférés : Kantara, OMG, et Munna Bhai. Alors que je prétends depuis des années que je comprends parfaitement l'anglais des Indiens, j'ai eu vraiment du mal. Il est moins "perfect Oxford English", comme les Indiens se plaisent à dire, mais semble s'être asiatisé et ressemble maintenant au parler des Thaïlandais ou Indochinois. Une évolution similaire à celle des rickshaws devenus tuk-tuks.
Je descends du bus à l'arrêt habituel sur la grande avenue qui borde Defence Colony. Alors que le lieu était calme, et le côté opposé à Defence Colony très peu construit, c'est devenu un carrefour très bruyant avec une circulation en tous sens mêlant rickshaws, cyclo-pousses, voitures à cheval, carrioles à bras, camions, bus, triporteurs, piétons et quelques vaches broutant le terre-plein central. On se serait cru dans le vieux Delhi de 1975. Quand j'ai quitté le carrefour pour entrer dans le quartier résidentiel, c'est devenu plus calme mais bien plus vivant qu'à mon époque.
Première surprise : la végétation a poussé. Normal, le quartier date du début des années 60[1]. Donc, les arbres avaient au plus 15 ans à mon époque. Alors qu'ils atteignaient à peine le premier étage des maisons, ils montent maintenant jusqu'au dernier étage (les maisons n'en ont que 3 ou 4 au maximum). Chikku, le jeune fils de ma famille, a tenté vainement de m'initier au cricket dans la place ronde centrale. La pelouse, so British, est maintenant remplie d'arbres et arbustes.
Même avec de l'aide, je n'ai pas retrouvé la maison. Il faut dire qu'il n'y a pas de numéro et nom de rue, mais un numéro et une lettre qui identifient le bloc : 475 A dans mon cas. Un bloc est un carré quadrillé de rues avec des maisons de part et d'autre. Les façades des maisons sont en vis-à-vis sur la rue, mitoyennes sur les côtés, et séparées sur l'arrière par un passage de service, un peu sur le modèle des lotissements anglais. Le long de la façade, un espace où l'on sort son charpaï, sorte de lit en cordes tressées, pour dormir l'été et se brosser les dents le matin en public. Sur l'arrière de la maison, il y a une cour ouverte qui donne sur le passage de service.
Aujourd'hui, les blocs sont entourés de grilles avec des portails et guérites à l'entrée des rues. Pas de garde et entrée ouverte à mon passage en journée, mais je suppose que c'est fermé la nuit. Les 2 ou 3 rues, et parfois les passages de service, qui bordent l'avenue périphérique sont devenus des marchés à ciel ouvert où l'on mange, vend, fabrique, répare tout et n'importe quoi. Dans celles qui bordent la place centrale, des boutiques plus classes, ce qui veut dire une vitrine et une surface de plus de 10 m².
Je mange sur place et retourne à l'hôtel avec une halte aux Lodi Gardens[2] pour un peu de verdure et de silence. Je m'énerve contre le pavé tactile de mon ordinateur et décide d'aller m'acheter une souris à Karol Bagh[3], où se trouve un marché d'électronique.
Le métro de Delhi est à l'air libre dès qu'on quitte l'hypercentre. Comme à Paris, il est sur pilotis à la hauteur d'un deuxième étage au-dessus d'une avenue. Hors du centre, les immeubles ne dépassent pas 4 ou 5 étages et l'on peut voir les terrasses sur les toits plats. Les rues sont très étroites et les constructions très denses mais la verdure est très présente.
À la descente du métro, on est assailli par le brouhaha de la circulation et de la foule. Ça se bouscule, ça s'interpelle, ça crie, ça téléphone, ça klaxonne... La foule plus dense, les rues plus étroites et les immeubles plus hauts qu'à Defence Colony[4] vous donnent la sensation de faire du rafting sur une marée humaine dans un profond canyon dont les immeubles seraient les parois. Sur les rives, on vend de tout : boutiques au rez-de-chaussée, en sous-sol et étalages sur les trottoirs. Et au milieu, on se faufile entre des véhicules de toutes sortes à traction humaine, animale, à 2, 3 ou 4 roues.
Chaque section de rues a sa spécialité. Au rayon électronique, le téléphone portable est roi. Tout se vend mais les réparateurs sont les rois. Ils sont debout, presque épaule contre épaule, devant une petite table où sont posés leurs outils. Seul un boomer européen peut avoir l'idée de venir ici chercher une souris pour un ordinateur, mais un vendeur a fini par m'en trouver une chez un de ses collègues.
Déjà 11h je passe trop de temps ce blog avec une connexion bas débit. En route pour de nouvelles aventures.
- Article Wikipedia sur Defence Colony
- Article Google sur Lodi Gardens
- Article Google sur Karol Bagh
- Karol Bagh rassemble 136 599 habitants sur 5 km² (26 914 hab/m² ; L'agglo de Béziers c'est 129 880 sur 95,5 km² (429 hab/m²).
Circulation
Heureusement que le paracétamol est fabriqué en Inde et que j'ai obéi à Célia pour le vélo (enfin pour l'insant)
commentaires
Je suis pas vraiment dépaysé