Un mariage au milieu de nulle part

Soumis par Jacques Kergomard le mar 18/02/2025 - 15:19
Lieu(x) : Udaipur, Amet
Sujet(s) : Mariage, Transport

C’est donc par un bus gouvernemental que je suis allé jusqu’à Amet. C’était la première fois que je prenais un bus depuis la gare de départ. Dans ce cas, on ne prend pas son billet auprès du contrôleur, mais au guichet, et on a une place assise réservée. Le bus étant complet au départ, ceux qui sont montés en route ont dû attendre qu’une place se libère, comme j’ai dû le faire sur le trajet Raïla-Ajmer.

La majeure partie du trajet s’est effectuée dans les collines Aravalli. Les montagnes, déjà grillées par le soleil à cette époque de l’année, et les vallées où domine le vert des cultures me rappellent souvent la vallée de Kolymbithres à Tinos, en Grèce, autre lieu qui m’est cher. Qui dit Grèce dit incendies, et comme il y a beaucoup d’arbres qui semblent morts, je me suis demandé s’ils avaient été brûlés. Pas du tout : de 2001 à 2023, seulement 75 ha de forêt avaient brûlé dans l’ensemble du Rajasthan[1]. Ce n’est rien par rapport aux 350 ha de l’incendie près de Frontignan l’été dernier. L’Inde ne peut pas cumuler tous les malheurs.

Les tailleurs et polisseurs de marbre, granit et autres roches fleurissent des deux côtés de l’autoroute. C’est une des richesses de la région. Un des pères de mes hôtes dirige une carrière et un atelier ; je vous en dirai plus après les avoir visités.

Comparée à la région de Jodhpur, la région semble prospère. Outre l’industrie du marbre et du granit, Kankroli accueille une des installations phares du fabricant de pneus indien JK Tyre & Industries Ltd. La cité ouvrière que j’ai photographiée témoigne que les affaires doivent bien marcher.

Au fur et à mesure que nous nous approchions de Nathdwara, une statue orange, que j’ai d’abord prise pour un Bouddha assis, grossissait au loin. En fait, c’est une statue de Shiva de 112 m de hauteur, visible jusqu’à une distance de 20 kilomètres[2].

Peu après, nous avons quitté l’autoroute Udaipur-Jaipur pour 25 km de route secondaire avant d’arriver à Amet, Rajsamand. Pour ceux qui, comme Cozack81, veulent du lourd et de l’académique, je vous conseille de lire « État et société à Rajsamand, petite ville indienne du Sud-Rajasthan »[3], écrit par un géographe de l’École des hautes études en sciences sociales, où enseigne également Anju. Il date du début des années 1980, et je verrai ce qui me semble avoir évolué.

À l’arrivée, j’étais attendu par Naveen, le frère du cofondateur d’Organigully[4]. Nous sommes montés à trois, plus mon sac à dos, sur une moto pour nous rendre à la maison de la famille, au cœur de ce qu’ils appellent un village, mais qui est en fait une petite ville de 30 000 habitants. Là vivent dix-huit personnes sur trois générations : le grand-père (67 ans, un gamin) et sa femme, leurs deux fils et leurs enfants. Il va me falloir du temps avant de pouvoir vous dresser l’arbre généalogique de cette famille.

Pour le repas de midi, ils m’ont proposé de m’emmener manger à un mariage, qui s’est révélé être celui d’une des filles de la famille, tuyau de poêle, sans que je puisse vous dire s’il s’agissait de la sœur de Naveen ou de Shubhang !

Il y avait deux tentes. Dans la première, réservée aux hommes, était organisé un repas en self-service avec un orchestre de musique rajasthani. Une fois à table, nous avons eu droit au défilé des huiles venues s’enquérir de ma personne, avec les photos qui vont avec.

Nous sommes passés dans la tente des femmes, mais ouverte aux hommes, où se terminait la dernière des nombreuses cérémonies religieuses. La débauche de couleurs aurait parfaitement convenu pour mon mariage avec Annie, mais elle n’aurait jamais accepté de quitter la scène la tête baissée et voilée, attachée au bout d’une corde derrière son mari. Les mariés n'ont pas terminé leur travail, ils leur restent à aller prier devant chaque Dieu ce qui, aux dires de Naveen, va leur prendre deux à trois jours.

Comme dans les mariages nord-africains, bellevillois ou gitans, les billets pleuvent de partout, à la manière de Ramzy Bedia dans la série « D’argent et de sang ».

Un peu de repos dans la chambre du patriarche, qui fait office de salle commune dans la journée. J’ai commencé à rédiger cet article sous le regard des membres de la famille ; je commence à être habitué.

Nous sommes ensuite allés visiter la ferme à 2 kilomètres de la maison, toujours à trois sur la mobylette. Je n’en parlerai pas ce soir ; j’aurai largement l’occasion d’y revenir.

Je termine cet article dans ma chambre, où je dors seul, avec une salle de bains attenante mais non privative. Je vais me coucher tôt. Les horaires  de travail sont du lever du soleil (7 h 30) à 10 ou 11 heures, puis de 16 h au coucher du soleil, vers 18 h 30 en ce moment. Entre l'appel à la prière de la mosquée juste à côté suivie de la musique des hauts parleurs des temples hindous qui sont partout, je n'ai pas besoin de mettre le réveil.

जय हिंद (Jay Hind)

  1. Voir article Global Forest  les Incendies de forêt au Rajasthan
  2. Voir article Wikipedia sur la statute de Shiva
  3. Voir article Etat et société à Rajsamand
  4. Voir le site  Organigully.com
Vidéos

Paiment des musiciens

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Départ des mariés

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repas des hommes

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commentaires

Célia RINALDI

jeu 20/02/2025 - 09:04

commentaire
J'adore !! quand je serai grande je veux le même mariage ! sans la corde ni le voile !!!!!